Jupiter vient d’arriver sur le terrain européen et change déjà les règles du jeu côté IA. Premier supercalculateur exascale d’Europe, il s’installe en Allemagne avec l’intention claire : permettre aux entrepreneurs de tirer parti d’une puissance de calcul inédite, dire adieu aux plafonds techniques et toucher du doigt des automatisations plus ambitieuses, sans complexifier leur quotidien. Pour ceux qui veulent scaler sans s’épuiser, cette nouvelle a de quoi faire lever la tête.

Une étape majeure pour l’intelligence artificielle européenne

Le vendredi 5 septembre, l’Europe a franchi un cap stratégique avec l’inauguration de Jupiter, son premier supercalculateur exascale. Conçu par le groupe français Atos et installé à Jülich, à l’ouest de Cologne, cet ordinateur d’une puissance inégalée vise à combler le retard du continent dans le domaine de l’intelligence artificielle. Capable d’exécuter au moins un quintillion de calculs par seconde – soit un milliard de milliards –, Jupiter devient le quatrième supercalculateur exascale au monde, après trois machines déjà opérationnelles aux États-Unis.

Un projet financé à grande échelle

Le développement de Jupiter a nécessité un investissement colossal de 500 millions d’euros, partagé à parts égales entre l’Union européenne et l’Allemagne. Le supercalculateur s’étend sur une surface impressionnante de 3 600 mètres carrés, l’équivalent de la moitié d’un terrain de football. Il est équipé d’environ 24 000 puces Nvidia, indispensables pour les applications liées à l’intelligence artificielle. Malgré cette prouesse, l’Europe reste dépendante de la technologie américaine, un point sensible dans le contexte actuel de rivalités transatlantiques.

Une puissance compétitive à l’échelle mondiale

Pour les chercheurs et industriels européens, Jupiter représente une avancée décisive. Selon le centre de recherche de Jülich, la machine est vingt fois plus puissante que n’importe quel autre ordinateur en Allemagne. Elle marque le premier véritable outil compétitif de l’Europe pour l’entraînement de modèles d’IA, un domaine largement dominé par les États-Unis et la Chine. Les modèles de langage de grande taille, capables d’alimenter des chatbots génératifs comme ChatGPT ou Gemini, nécessitent des ressources de calcul colossales. Avec Jupiter, l’Europe dispose désormais d’une infrastructure adaptée à ce type de développement stratégique.

Une contribution clé pour la recherche scientifique

Au-delà de l’intelligence artificielle, Jupiter sera mis au service de la recherche fondamentale. Les scientifiques espèrent notamment améliorer la précision des prévisions climatiques. Actuellement limitées à des projections sur une dizaine d’années, les simulations pourraient désormais s’étendre à 30 ans, voire à un siècle. Cela permettrait d’anticiper plus efficacement des phénomènes extrêmes comme les vagues de chaleur. La machine pourra aussi contribuer à la transition énergétique, en modélisant les flux d’air autour des éoliennes pour optimiser leur rendement, ou encore en soutenant la recherche médicale, avec des simulations cérébrales plus réalistes dans le cadre d’études sur des maladies neurodégénératives comme Alzheimer.

Un levier stratégique pour l’avenir de l’Europe

L’inauguration de Jupiter incarne la volonté de l’Europe de renforcer sa souveraineté numérique et scientifique. En investissant massivement dans ce projet, l’Union européenne affiche son ambition de rattraper son retard technologique, tout en donnant aux chercheurs des moyens inédits pour relever les grands défis de demain. Qu’il s’agisse d’IA, de climat, d’énergie ou de santé, Jupiter ouvre la voie à une nouvelle ère de recherche et d’innovation. Reste à transformer cette puissance technologique en résultats concrets, tout en réduisant la dépendance aux technologies extra-européennes.

Le Monde – L’Europe lance Jupiter

• Eviden – Communiqué Jupiter

Tatianah Razafindrabe

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